“Book Descriptions: Au Québec, les années 70 riment avec mouvement de libération des femmes : romans, essais et pièces de théâtre féministes voient le jour. Parmi celles-ci, Les Fées ont soif de Denise Boucher provoque à l'époque l'ire des institutions en place. Résumons la controverse : le président du Conseil des arts de Montréal refuse de subventionner la pièce, qu'il qualifie de merde et de cochonnerie. L'évêque de l'époque, Mgr Grégoire, dénonce publiquement la présentation loufoque de la Vierge dans la pièce. La Cour supérieure du Québec interdit la publication et la diffusion du livre. Les auteurs se mobilisent. Les protestations pleuvent. Le combat se poursuit jusqu'à l'année suivante.
Avec le recul, on ne peut que s'étonner d'un tel tollé. Sur scène, trois femmes : la Vierge, statufiée, la Mère, Marie, et la Putain, Madeleine. Je suis une fille de joie, dit Madeleine. La joie de qui ?, répond la Statue. Au-delà de la réflexion essentielle dont la pièce participe, les dialogues, qui avaient tant scandalisé à l'époque, paraissent aujourd'hui teintés d'un humour bon enfant. Elles chantent en chœur, ces femmes meurtries, elles crient, elles insultent, elles rêvent. Elles s'expriment. Et c'est peut-être ce qui touche le plus dans Les Fées ont soif : la joie profonde et contagieuse qu'éprouvent ces femmes de pouvoir enfin s'exprimer. Denise Boucher a également fait paraître plusieurs recueils de poèmes, dont Lettres d'Italie et Paris Polaroid. --Anne-Marie Cloutier